« Ce championnat m’a confirmé dans l’idée que j’ai le potentiel pour aller encore plus haut » : Interview de Yacine Chalel membre du PCO et de L’Équipe d’Algérie

L’ATHLETE

Pouvez-vous vous présenter, quel est votre parcours ?

Je suis Yacine Chalel, j’ai 23 ans et j’habite à Épinay-sur-Seine. Je suis actuellement étudiant en master 2 Contrôle, Gouvernance et Stratégies à l’université Paris-Dauphine en alternance (à la SNCF) et coureur cycliste : membre de la DN du PCO et de l’équipe d’Algérie de cyclisme sur piste depuis 2016. J’ai commencé le vélo à l’âge de 8 ans au CSM Épinay sur Seine, club dans lequel j’y ai fait ma formation pendant 8 ans avant d’aller en 2012 à l’Olympique Cycliste du Val d’Oise avant d’être recruté par le PCO en Octobre 2018.

 

-Comment se passe votre intégration au PCO ?

Mon intégration se passe très bien, je retrouve tout ce que je cherche dans un club : la quête du haut niveau associée à une ambiance familiale et conviviale. L’équipe est bien équilibrée aussi bien sportivement parlant qu’au niveau des profils d’une façon générale et l’ambiance y est excellente. Tout le monde est aux petits soins pour nous et ça se ressent.

 

LA PISTE

– Pouvez-vous nous raconter ton épopée lors des derniers mondiaux, qu’en tirez-vous ?

Grâce à mes Ranking UCI (les classements mondiaux actualisés chaque semaine, qui fonctionne un peu comme le ranking ATP au tennis) j’ai réussi à me qualifier pour les championnats du monde qui ont eu lieu du 27 Février au 3 Mars à Varsovie en Pologne. C’est mon deuxième championnat du monde après celui à Apeldoorn (Pays-Bas) en 2018. J’ai participé à la course Scratch et à la course aux points. Je termine 19ème du Scratch et 22ème de la course aux points. C’est la première fois qu’un coureur algérien réalise de telles performances sur un championnat du monde. Mon objectif était d’obtenir un top 15 sur l’une des deux courses, malgré tout je considère mon championnat comme réussi pour plusieurs raisons : je sais désormais que j’ai le niveau mondial bien que ma préparation ne se soit pas déroulée dans des conditions optimales à cause de mes obligations étudiantes et professionnelles. Médiatiquement parlant, les retours ont été excellents. Ce championnat m’a confirmé dans l’idée que j’ai le potentiel pour aller encore plus haut, surtout lorsque j’aurai fini mon master.

 

-Pouvez-vous nous présenter en détail votre pratique de la piste ?

J’ai commencé la piste sur les vélodromes d’Aulnay et de Saint-Denis. Mon club de l’époque (celui d’Épinay) nous encourageait à y courir dès les catégories Benjamin (9-10 ans). J’en faisais surtout sur la période estivale (Avril-Septembre). J’ai décidé de m’y mettre très sérieusement à partir de fin 2014 en allant sur différents vélodromes (Saint-Quentin en Yvelines, Gent, Roubaix). De fil en aiguille, j’ai progressé et j’ai rejoint la sélection algérienne en 2016 lors du championnat d’Afrique qui avait lieu à Casablanca (Maroc) où j’ai obtenu deux médailles d’argent. Petit à petit, j’ai commencé à participer à des compétitions internationales et me voilà aujourd’hui 15ème coureur mondial sur la course aux points, 20ème mondial sur la course Scratch et 42ème mondial sur l’Omnium.

Je participe exclusivement à des courses d’endurance, en peloton : Omnium, Scratch et course aux points.

 

-quels sont les objectifs de la saison ? Comment faut-il faire pour se qualifier aux JO, y a-t-il des temps à réaliser ?

Je suis depuis peu co-fondateur d’une équipe professionnelle de cyclisme sur piste (Bison Sport – Commel Track Team, https://www.facebook.com/bictrackteam ). Le but est de faire grandir cette équipe, notamment via l’arrivée de Francois Pervis, sept fois champion du monde et médaillé olympique à Rio en 2016. D’un point de vue personnel, l’objectif pour la saison 2019-2020 est la qualification pour les JO 2020 à Tokyo. Ce sera la pierre angulaire de cette année. J’aimerai également obtenir un top 15 sur le prochain championnat du monde, obtenir comme en 2018 un titre de champion d’Afrique et réaliser des top 5 voire des podiums sur des courses UCI (classe 1 et classe2).

Pour se qualifier aux JO, il faut obtenir des points sur les compétitions suivantes : championnat du monde, championnat d’Afrique et Coupe du monde. L’UCI a décidé d’assurer une place au minimum pour le continent africain, il faut donc au minimum être la première nation africaine en marquant le plus de points possibles sur les courses que j’ai cité. La période de qualification se termine en Mars 2020.

-quels sont vos moyens pour réussir, comment vous préparez vous physiquement ? (Diététique…)

 

Pour être à haut niveau il faut se préparer comme tel. Cela passe par un volume important d’entraînement, entre 15 et 20h par semaine. Plusieurs séances : des séances en vélodrome, notamment derrière le scooter pour le travail de rythme ainsi que des entraînements sur route pour travailler l’endurance et la force, des entraînements sur home trainer pour les intensités et du travail de musculation. Il faut également avoir une bonne hygiène de vie, notamment au niveau de la diététique. Manger correctement avant et pendant les compétitions est primordial. En phase de préparation, on fait attention à manger suffisamment de protéines, de refaire ses réserves après des grosses séances d’entraînement, de manger suffisamment de fruits et légumes et éviter les excès. Pendant les compétitions, on essaye de manger intelligemment, c’est-à-dire 4/5 heures avant la course (contre 3 pour une course sur route) pour être le plus léger possible au vu de l’intensité.

-comment convaincre quelqu’un d’essayer la piste ?

 

Je conseille à tout le monde de s’y essayer. C’est une discipline top à tous les niveaux : on peut rouler toute l’année et par tous les temps, on est en sécurité puisqu’il n’y a pas de circulation comme sur la route. La sensation de vitesse y est bien plus importante. Tout le monde y trouve son compte même si on n’est pas spécialiste car la piste est une excellente préparation pour la route : vélocité, intensités tout y est.

 

LA ROUTE

– Quels sont vos objectifs sur route pour cette année à titre perso et au sein du groupe DN ?

À titre personnel, mon objectif est de gagner trois courses et cinq podiums et de réaliser des top 10 sur les courses Elite Nationale (contre une victoire et 4 podiums pour 2018).

L’objectif majeur de l’équipe DN est la montée en DN2, tout le monde est impliqué dans cette optique. Plus largement, le but est de faire gagner l’équipe le plus possible que ce soit moi ou en tant qu’équipier pour un autre coureur.

 

 

VOTRE AVENIR

– Que souhaitez-vous obtenir dans le futur ? Voulez-vous passer professionnel ?

 

Sur la route, l’objectif est de passer professionnel, si possible dès 2020.

Sur la piste, individuellement : qualification pour les JO 2020 et 2024 (avec une médaille comme objectif pour 2024). Devenir un jour champion du monde et remporter le plus de titres de champion d’Afrique possible.

Pour l’équipe que j’ai co-fondé : développer la structure le plus possible, pérenniser l’aspect financier pour que les coureurs puissent en vivre, développer la piste en Algérie et plus largement en Afrique ainsi que le cyclisme féminin. J’aimerai également monter une académie pour les cadets/juniors adossé à l’équipe professionnelle.